Chère Sophie Loubière...

Chère Sophie,


Quand l’idée de vous écrire m’est venue, par une belle soirée enveloppée dans une lumière ambrée toute flamande, je me suis dit que c'était tout de même courageux d’écrire à quelqu’un qu’on ne connaît pas. Puis, retournant cette pensée à plusieurs reprises dans ma tête, je suis arrivée à la conclusion contraire – ça m’arrive souvent, c’est normal, n’ayez aucune inquiétude quant à ce revirement soudain de situation ; qu’y a-t-il de courageux à écrire à quelqu’un que je n’ai jamais rencontré ? Rien, au contraire : la plus grande liberté d’expression est possible et je peux donc vous dire le fond de mes pensées sans crainte. Et il est bon, ce fond. Pour l’acte de bravoure, il faudra repasser, c’est sûr. Tout de même, il fallait que je vous dise deux mots, alors j’espère que mon manque d’héroïsme ne vous empêchera pas de poursuivre la lecture de cette missive adulatrice.

 

Je ne peux pas dire ne jamais vous avoir vue, parce qu’il y a quelques années de cela, j’ai cherché votre visage sur Altavista (oooh, vous vous souvenez d’Altavista ?) ; déjà passionnée par votre émission radiophonique Dernier Parking Avant la Plage, sur France Inter (j’y arrive, j’y arrive), je voulais tout savoir sur vous et vous connaître, à commencer par votre enveloppe physique ; il faut bien commencer quelque part, sans compter que, comme dit le commun des mortels, les relations sont bien meilleures lorsque l’on peut enfin mettre un visage sur un nom, ou inversement. Je ne fus pas déçue : brillante journaliste au bocal en ébullition constante, à la voix suave et fascinante taillée sur mesure pour la radio, vous êtes en plus jolie. Voila qui ne gâche rien, vous en conviendrez.

 

Pour différentes raisons que je n’évoquerai pas ici, je n’ai pas pu m’abreuver à votre source de divertissement, d’enrichissement et de dépaysement subtils pendant plusieurs années. Dernièrement, j’ai toutefois été faire un petit tour  chez vous et je me félicite avec ma petite personne d’avoir eu la présence de souris de cliquer sur votre nom, dans la liste des producteurs de ce temple de l'impertinence intellectuelle qu’est France Inter.

 

Et là, je découvre abasourdie  que vous êtes active, plus que jamais, à une heure de relâche et de béatitude totale, à l’heure la plus propice à engranger la substantifique moelle de ces extraits que vous lisez si bien : le vendredi en fin de journée (je suis au club de sport à cette heure-là, mais peu importe, la technologie fait des miracles cette saison…). En un instant, votre voix résonne dans ma tête et je me frotte d’avance les tympans de joie à l’idée de vous retrouver. L’émission a changé et s’intitule Parking de Nuit et j’aime croire qu’il s’agit de la version hivernale de sa tant aimée ancêtre. En deux temps, trois mouvements de nano-technologie ou peu s'en faut, les podcasts sont téléchargés, les écouteurs - toujours trop grands pour mes petites oreilles - calés de force au creux de celles-ci... C’est parti ! Le sourire aux lèvres, j’ai écouté vos deux dernières émissions, sous la couette pour une concentration maximale. Toujours aussi dépaysant, le contenu me transporte, me titille, m’amuse et me motive. Tout ce que je cherche dans une émission radiophonique est là, comme au bon vieux temps.

 

Malgré le grand bonheur qui va de pair avec ces retrouvailles émouvantes et énergisantes à la fois, je dois vous dire que j’espère vivement vous retrouver pour un Dernier Parking Avant la Plage sous le soleil estival : l’émission sera-t-elle au rdv de mes douces vacances méridionales ? Sa fraîcheur, ses jingles, ses cocktails et ses extraits littéraires ont nourri mon imagination pendant les chaleurs hollandaises – elles existent – et je me revois collée à l’ordinateur, la porte vitrée du patio grande ouverte pour vous écouter tout en regardant les chats et les corbeaux animer notre arrière-cour. Le bonheur, tout simplement.

 

D’ici-là, dans le fol espoir que la version ensoleillée du parking reprendra bientôt pour nous faire plonger dans une eau revigorante et fraîche - je sais que l'émission n'existe plus depuis 2005, c'est bien ça ? - je tendrai l’oreille pour écouter chaque mot, chaque souffle et cliquetis de clés de voiture émanant du parking de nuit où je stationnerai bien sagement, niveau -2, pilier B. 


Au fait, puis-je y réserver une place à l’année ?

 

Merci de m’avoir écoutée (je n’aurais jamais cru pouvoir vous dire cela, à vous, chère Sophie !) et à bientôt sur les ondes,

 

The Daydreamer

 


2 commentaires:

  1. Superbe lettre. J'espère que tu lui as envoyée...
    Z

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  2. Non, je ne l'ai pas envoyée... Tu connaissais le Dernier Parking ?!

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